Loyers caché


Écrit par Philippe Besure
Peu de personnes connaissent son existence et pourtant...
Dans le mur d'une annexe située à l'arrière de la maison sise au n° 102 de la rue de Maizeret, est scellée une splendide pierre armoriée, vestige de la grandeur esthétique de certains monuments de l'ancien régime et de la dextérité de nos maîtres tailleurs de pierre.(1)
Si, d'après les propriétaires actuels, la date de 1888 peut correspondre à la construction du bâtiment d'habitation, il y a lieu de penser que les annexes pourraient dater de la fin du 19°, début du 20"siècle. Dès lors, c'est de cette époque que doit provenir la sauvegarde de ce chef-d’œuvre héraldique véritablement "sculpté" dans la pierre calcaire. Dans son état actuel, elle mesure 77 cm de, hauteur sur 90 cm de large. Elle devait faire partie d'un ensemble plus haut et plus bas, si l'on en juge par la finition des côtés. L'identification héraldique sur base des meubles n'est pas toujours chose facile mais l'appartenance de ces armoiries extraordinairement complètes revient de droit à l'illustre famille de MARBAIS. Il reste à déterminer quelle pourrait en être la provenance. La famille de MARBAIS (2) relève la seigneurie de Brumagne le 7 octobre 1648, Philippe de MARBAIS, fils d'Antoine (3) intervient au nom de son fils après la mort de son épouse Ermelinde de SALMIER (4), dame de Brumagne et de Lives.
Philippe-Adrien-François de MARBAIS, chevalier Sr. de Brumagne par relief du 2 septembre 1727, de Lives etc.., est mort à Mons le S août 1744 et son épouse Anne-Albertine-Josephine-Ignace de Corswarem-Looz devint douairière de Brumagne et Lives jusqu'à son décès le 29 décembre 1760. De leurs 3 enfants, seul Bernard-François, chevalier, etc... devait succéder mais il décède à Namur le 11 mars 1772 sans enfants.
Conjecture ou hypothétique tentative d'identification ?
Brumagne a modifié la chapelle castrale pour l'ériger en succursale au début du 20° siècle. Est-ce à ce moment que la pierre a été sauvée de la destruction? Sa sauvegarde apporte en tout cas un descriptif très détaillé d'un blason qui peut paraître quelque peu controversé (par manque de détails connus ?). Bernard-François de Marbais devait avoir un sens aigu de la noblesse et du beau. Outre la transcription assez complète des actes qui concernaient sa famille dans les registres paroissiaux de Lives (6), c'est probablement à sa générosité que l'on doit les trésors qui furent présentés au public en 1930 (7). Pourquoi ce sens de la beauté ne pouvait-il pas se refléter dans la pierre ? D'autres exemples le prouvent... De Raadt présente quelques versions évolutives du blason de cette famille.
Rietstap donne le descriptif de l'écu. Essayons d'être complet... ECU; d'argent à la fasce de gueules, accompagnée de 3 merlettes du même rangées en chef, timbré d'un heaume orné d'un collier à médaillon à la merlette de l'écu. Lambrequin et cimier; un plumail à cinq branches, issant d'une cuve aux armes de l'écu. (d'aucuns disent en place d'un plumail; "une touffe de joncs", "un grand plumail", "une queue de paon", "une plante à grosse tige". Sans vouloir surcharger le descriptif du blason, il semble que définir le nombre de branches du plumail est nécessaire.) Supports; deux hommes sauvages de carnation, ceints de feuillage, armés d'une massue (ou gourdin), tenant une bannière aux armes de l'écu (*), (celui de dextre massue à dextre et écu de même, celui de senestre massue à se-nestre et écu de même.) Devise :"NI FIEL NI MIEL" ou "DE MAL EN PIS" (2). Le tout reposant sur une plate-forme au naturel. Des variantes de ce blason existent, suivant les artistes, nous y reviendrons.